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SYNDROME HÉMORRAGIQUE  
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Rectorragies  
Objectifs  
Savoir déceler les différents types de rectorragies.  
Participer à la mise en Å“uvre des moyens diagnostiques adaptés.  
Dépister les situations d’urgence.  
Attention aux rares rectorragies d’origine haute qui témoignent  
d’hémorragies digestives massives.  
Définition  
Émission de sang rouge par le rectum, spontanément ou lors de l’émission  
de selles.  
Premiers gestes – Questions au patient  
â?š
Dépister l’hypovolémie  
Dépister dès l’accueil et l’évaluation initiale des signes  
d’hypovolémie :  
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–
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–
–
pâleur ;  
sueurs ;  
tachycardie et hypotension artérielle ;  
polypnée ;  
voire marbrures.  
Penser à l’Hemocue dès l’évaluation initiale au moindre doute.  
Il s’agit alors le plus souvent d’une hémorragie digestive haute massive  
avec « pseudo-rectorragie » : le débit est tel que le transit est trop accé-  
léré pour donner du méléna.  
Le patient est immédiatement pris en charge en SAUV selon les modalités  
décrites dans la Fiche 18, Hémorragie digestive haute.  
â?š
Interrogatoire  
En dehors de la situation particulière de l’hypovolémie, on recherche à  
l’interrogatoire :  
•
Caractéristiques des rectorragies :  
–
–
indépendantes ou liées aux selles ;  
émission douloureuse ou non ;  
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–
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–
•
fréquence ;  
abondance, souvent surestimée par le patient ;  
ancienneté, épisodes antérieurs similaires.  
Recherche et évaluation d’une douleur abdominale associée qui oriente  
vers une pathologie colique.  
•
Notion de pathologie digestive connue orientant vers une hypo-  
thèse diagnostique :  
–
–
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–
hémorroïdes externes ou internes, opérées récemment ou non ;  
polypes ou diverticules ;  
néoplasie colique ;  
maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique (le plus souvent : pous-  
sée bien connue du patient dans ce contexte) ;  
prise récente (éventuellement répétée) de température rectale ou  
manÅ“uvres endo-anales ;  
–
–
•
cirrhose hépatique connue ou suspectée.  
Traitements suivis par le patient, en insistant sur la recherche :  
–
–
–
d’antiagrégants (Aspirine, clopidogrel…) ;  
d’anticoagulants (HBPM, AVK…) ;  
d’AINS qui favorisent le saignement d’un diverticule et peuvent être  
impliqués dans la survenue de rectocolites médicamenteuses ;  
de bêtabloquants qui perturbent l’appréciation de l’abondance de  
l’hémorragie.  
–
â?š
Premiers gestes  
•
•
•
Évaluation des paramètres vitaux.  
Installer le patient confortablement en fonction de ses besoins.  
Attribuer un niveau d’urgence en référence à la grille de tri et à l’éva-  
luation clinique du patient.  
Prise en charge – Bilans  
•
•
Installer le patient confortablement, dans un local adapté au respect de  
l’intimité, compte tenu de l’examen proctologique prévisible.  
Faire preuve de tact durant la poursuite de l’interrogatoire et de pru-  
dence dans les informations délivrées, en se rappelant qu’il s’agit d’une  
«
zone sensible ».  
•
•
Savoir être rassurant et aider le patient à expliciter sa plainte, ce qui lui  
sera plus facile à ce stade qu’à l’accueil.  
Proposer un antalgique si besoin, selon le protocole du service.  
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Rectorragies  
•
Penser également à un change ou une protection en cas de besoin : le  
patient vous sera reconnaissant d’être « mis au propre Â». Mais pas  
d’excès de zèle non plus ; tout réside dans le tact et la nuance.  
•
Le soin technique sera le plus souvent limité, en dehors des rares situa-  
tions d’hypovolémie.  
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Examen  
•
Prise des constantes hémodynamiques, de la FR, à la recherche d’une  
hypovolémie pouvant se démasquer secondairement :  
–
En cas d’hypovolémie ou de saignement visiblement important :  
-
-
-
faire prévenir immédiatement le médecin ;  
anticiper sans attendre par la pose d’une voie veineuse de bon calibre ;  
prélèvement : groupe, rhésus, RAI, NFS, hémostase, ionogramme et  
fonction rénale.  
Pas de bilan systématique sans avis médical en dehors de cette  
situation : il ne paraît pas utile de réaliser un bilan  
prétransfusionnel à toutes les crises hémorroïdaires (!).  
•
•
Altération de l’état général avec amaigrissement éventuel.  
Examen médical associant :  
–
–
–
–
examen proctologique avec toucher rectal ;  
palpation abdominale ;  
recherche de signes physiques de cirrhose ;  
anuscopie éventuelle.  
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Bilan  
•
Bilan biologique :  
–
–
–
–
NFS à la recherche d’une anémie.  
Hémostase.  
Fonction rénale et ionogramme.  
Groupe, rhésus et RAI en cas d’hémorragie abondante ou d’hypovolé-  
mie.  
•
•
Recto-sigmoïdoscopie voire coloscopie en cas de doute diagnostique ou  
d’origine sigmoïdienne ou colique.  
Artériographie et scanner : pour les rares cas, difficiles, de pathologie  
vasculaire (en particulier du grêle ou colique).  
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Surveillance – Évaluation  
Poursuivre la surveillance hémodynamique si nécessaire.  
Récupérer les examens complémentaires réalisés, en particulier biologi-  
ques.  
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•
•
•
Donner les rendez-vous programmés, souvent en ambulatoire, et les  
expliquer au patient et/ou sa famille.  
Donner les consignes utiles en cas de récidive et s’assurer de leur bonne  
compréhension.  
Expliquer de façon pratique le régime éventuellement prescrit contre la  
constipation ou en vue d’une endoscopie.  
Vérifier l’existence dans le service ou, mieux, dans le système informati-  
que :  
–
–
de feuilles standardisées de rendez-vous ;  
de régimes types.  
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